Les séances des Noobs

Je me propose d’inaugurer cette section avec le récit des aventures de mes 4 PJs, globalement débutants, avec votre serviteur comme MJ, connaisseur en théorie mais débutant dans la pratique.
Est-ce que je pourrais utiliser ce sujet pour demander des conseils sur des points et des faiblesses dans la manière de masteriser que mes joueurs ou moi-même remontons ? Ou bien une autre section serait plus adaptée ?

A propos des PJs, nous avons :

  • Un Navigateur, d’un joueur qui a joué une première fois avec moi avec le kit d’initiation il y a deux ans. Il s’est axé contrebandier, affilié au Serment, possédant un petit chébek qui lui sert pour ses activités diverses. Très versé dans la navigation mais avec quelques percées sur la prise de décision et la connaissance du monde (commandement, baratin, bureaucratie, folklore, ce genre de choses). Il s’est créé un Rival dans le Serment que je vais bien évidemment utiliser autant que possible. ^^
  • Un autre Navigateur (oui j’ai laissé les joueurs libres de leur Archétype, je n’aime pas les aiguiller à jouer ceci ou cela :grimacing:), lui beaucoup plus axé piraterie et combat. Il est une Brute, de Mauvaise réputation, avec une Addiction à l’alcool (un brave homme, vraiment). Lui et le premier navigateur se sont créés un Lien, un passé commun au sein du Serment.
  • Un Voyageur, originaire d’Erebheïm, l’archétype du débrouillard solitaire et ténébreux, mais c’est le seul à avoir des points en Médecine dans le groupe, donc il va vite devenir populaire, je pense. Il l’incarne comme une force de la nature (Avantages « Grand », « Increvable », « Surconfiant ») mais réservé et peu au fait de ce qu’il se passe autour de lui.
  • Un Chaman, qui malgré mes avertissements, vient d’Erebheïm, a les cheveux roux et les yeux verts. Il est le plus atypique des quatre puisqu’il n’est absolument pas axé sur le combat, au point d’avoir les Défauts « Timoré » et « Coeur tendre ». Il a totalement embrassé sa carrière de chaman par son refus de la violence, sa volonté de se lier et de faire le moins de mal possible aux êtres vivants autour de lui.

Nous avons commencé par le scénario « A la recherche du Gardien », que je trouvais très adapté vu mes Navigateurs dans le groupe, et, si je dois résumer cette première séance que nous venons de terminer, je dirais que je renommerais bien cette équipe « Les Bourrins Sympathiques » !

Pour démarrer l’accroche, j’ai mis le premier Navigateur dans la confidence, en lui disant qu’on lui avait confié deux tonneaux à sa dernière escale à faire passer en douce dans Armanth ; pour ne pas éveiller les soupçons, il a donc pris quelques passagers pour se faire passer pour un simple navire de transport civil. Le second Navigateur a été mis au courant, et une partie des passagers était donc les deux autres PJs.
A peine arrivés à Armanth, je leur colle un officiel de la capitainerie escorté de deux gardes qui les empêchent de débarquer avant d’avoir vérifié le navire ; l’officiel trouve immédiatement les tonneaux suspects, et déclare que le navire est mis sous scellés, qu’une lourde amende est nécessaire pour le récupérer, et que les passagers eux-mêmes sont considérés comme complices (c’est compliqué de trouver comment impliquer tout un groupe ^^). Les voyageurs râlent contre le PJ-capitaine, jusqu’à ce qu’un esclave monte à bord, dise qu’il appartient à Argravio Vierra, que c’était lui qui était le destinataire de la cargaison confisquée, et qu’il les invite chez lui pour essayer de trouver une solution.
Arrivés là-bas, les PJs apprennent par lui qu’ils n’auraient certainement rien pu faire pour la cargaison et que le « guet-apens » sur le quai est très probablement du à un de ses rivaux qui aura prévenu la capitainerie.

Je leur ai fait une petite visite de la demeure, où Vierra leur fait notamment une présentation de sa collections d’objets de l’histoire militaire (des toiles de batailles, des katanas d’Hemlaris, ou le clou du spectacle : les restes d’une armure qu’il présente comme l’une des premières en linotorci qui a été créée pendant la 3e Croisade de l’Hégémonie !), tout ça pour préparer à son récit sur ses propres recherches à propos du Gardien. Il leur raconte l’histoire, et fait monter la sauce notamment auprès des deux Navigateurs de l’équipe qui ont été assez réceptifs sur l’excitation de la redécouverte du navire.
Le Voyageur du groupe est contre l’esclavage, et s’est montré très critique et soupçonneux envers Vierra pendant la conversation à cause de ça (je les avais installés dans un petit salon, pour discuter, avec un esclave apportant des rafraîchissements).
En gros, Vierra voit dans la mésaventure avec la cargaison l’occasion de recruter des personnes apparemment capables de se défendre, en plus de deux marins expérimentés ; il leur promet de l’argent, et de payer l’amende pour récupérer le bateau au PJ (bon ça, j’imagine que je dirai simplement qu’Armanth lui rend à titre gracieux à la fin du scénario en récompense de la restitution du Gardien).

Prochain objectif : le recrutement des trois experts pour compléter l’équipe du Coeur Vaillant. J’ai commencé par la péripétie avec la Confrérie des Anguilles, et je n’avais pas vraiment préparé quoi que ce soit à l’avance. Ils rencontrent Gandolfo, qui les rabat sur son arnaque ; les PJs s’en rendent compte et s’en prennent au PNJ. A cet instant, je ne sais pas si c’est moi qui ai mal expliqué la situation, ou si ce sont eux qui se sont entêtés malgré mes dénégations répétées, mais ils se sont mis en tête que la Confrérie des Anguilles était une sorte de groupe de recrutement d’officiers et sous-officiers, et qu’ils voulaient rencontrer à nouveau Gandolfo pour lui présenter leurs demandes.
Je les amène à un premier tripot où était cinq gros bras de la Confrérie, le but était de les détromper et de montrer ce que la Confrérie était réellement : une petite pègre locale sordide. Ils sont invités de plus en plus agressivement de quitter les lieux, jusqu’à ce que les gros bras entreprennent de les sortir eux-mêmes. Le Chaman a préféré rester dehors, pressentant ce qui allait advenir, et ne voulant pas se retrouver au milieu de ça.
Premier combat, donc, sans enjeu, c’était surtout pour expliquer le fonctionnement pour tout le monde (l’un d’eux a été très fier d’avoir étalé un des sbires en un tour avec un jet de dégâts de 22, à mains nues ^^). Mais c’est là qu’ils ont entamé leur carrière de « Bourrins mais des gars bien, quand même ». Ils étalent deux sbires, c’est donc le milieu du combat, rien n’indique un changement à venir, il reste encore trois ennemis, et je les entends, tous les trois, à leur déclaration d’Actions : « Je sors mon pistolet, je braque celui qui est devant moi, et je dis qu’on n’est pas là pour se battre, on veut juste recruter des marins, vous êtes intéressés ? »".

Moi à ce moment, je suis comme ça : image

Voyant que leur offre a peu d’effet, le pirate de l’équipe sort son sabre et en tue un. Les deux derniers ennemis préfèrent donc se « rendre » et reprendre la conversation. Les PJs, toujours dans l’idée que la Confrérie sert de vivier pour recruter, veut qu’ils les emmènent voir Gandolfo. Ce qui se fait.
Ils arrivent donc au deuxième établissement tenu par la Confrérie, et sont évidemment directement encerclés par d’autres sbires. Arrive alors Gandolfo qui demande ce qu’il se passe. Leur début d’explication ne le convainc pas, et je commence ma phrase pour dire qu’ils vont se faire démolir attaquer par toute la Confrérie, quand le PJ-capitaine me coupe : « Non mais attendez ! On peut s’arranger, non ? Vous ne faites pas que des choses légales, ici, vous avez forcément besoin de faire circuler des choses depuis Armanth ? Or, on va bientôt récupérer un navire, donc si vous voulez qu’on embarque quelque chose et qu’on le dépose quelque part… »

De nouveau, moi : image

(Des bourrins sympathiques, je vous dis)
Ne voulant pas ré-itérer le combat précédent, et voulant récompenser la prise d’initiative du joueur, j’embraye là-dessus, et finalement ils se mettent d’accord : un membre de la Confrérie se fera passer pour un maître-coq sur le Coeur Vaillant, et servira à surveiller les PJs pour s’assurer qu’ils acheminent bien la marchandise.
Le premier sous-officier qu’ils recrutent n’est donc pas DU TOUT sous-officier. \o/

Et on s’est arrêtés là pour cette séance.

Globalement je suis assez content de la réceptivité des joueurs, notamment du Voyageur pour qui s’était la première expérience de JdR et qui n’a pas hésité à me couper pour faire intervenir son personnage, et a proposé beaucoup d’idées à la pause, une fois qu’il a pris conscience de comment ça se passait concrètement.
J’ai eu plus de soucis pour le Chaman, alors que je pensais que ça tournerait « facilement » pour lui, vu son personnage. Je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui a cloché, et je suis preneur de tout conseil pour faire vivre un personnage de ce type (timide, roux/yeux verts, souvent « dans son monde » et pas dans la situation présente, non-violent). Je lui ai conseillé de profiter de tous les moments « calmes », sans actions, pour faire vivre le groupe, pour faire le liant, et déclencher des conversations entre les PJs ; mais c’est faire retomber la responsabilité de son plaisir de jeu uniquement sur lui, du coup je veux bien des pistes pour l’y aider, si vous en avez. De même, j’hésite encore sur la manière de gérer sa chevelure rousse et ses yeux verts, alors qu’il ne fait rien de particulier pour les cacher (il a une capuche mais m’a précisé ne pas faire particulièrement attention si ses cheveux sont visibles ou pas, notamment) ; je n’ai pas envie qu’il se fasse harceler à chaque coin de rue par des gens voulant l’asservir/le donner à l’Eglise, mais il faut bien que ses choix aient des conséquences…

Voilà ce que je pouvais dire de cette séance, je pense. Ca a été un peu brouillon de mon côté, j’aurais pu faire mieux dans mes explications, mais j’espère que c’était juste la « reprise » et le fait de devoir gérer les règles, les expliquer et suivre un scénario que je n’ai pas écrit, qui a fait ça, et que ça s’arrangera pour les prochaines fois.

Désolé pour le pavé !

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Très bonne utilisation d’Argravio Vierra pour impliquer les joueurs ! J’aime beaucoup. :+1:

Pour le personnage chaman roux, je pense que les habitants d’Armanth ne vont pas chercher à l’asservir ou a le fourguer à l’Eglise. A mon avis, ils vont réagir de fait comme s’il était l’esclave de l’un des autre joueur. Après tout, un roux en liberté, c’est impensable! :astonished:

Ils ne vont pas lui adresser directement la parole et demander à l’un des autres de le faire taire s’il parle. Ils vont le considérer comme un animal et parler de lui à la troisième personne en complimentant son maître supposé ( et quoi de plus désagréable que de s’entendre dire « Ho mais c’est un beau spécimen que vous avez là ! Quel chance d’avoir trouvé un roux! Vous devez en être très fière. » ). Bref, ses relations sociales devraient être compliquées. :fearful:

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Je vais lire tranquille, ça va me faire ma pause bienvenue ! J’approuve les commentaires de Yann, au fait !

Ok… alors pour commencer, j’ai éclaté de rire deux fois à la lecture de ton compte-rendu ! Et pas pour me moquer, mais parce que je trouvais réellement très drôle leur manière de se sortir du pétrin dans lequel ils se sont mis. Chapeau bas à tes joueurs, et à toi pour rebondir ainsi ! Félicitation !

Ensuite… le pauvre Voyageur Ereb est en effet dans de beaux draps, mais devrait s’adapter. Il va très vite réaliser qu’il est le seul en général dans Loss à détester l’esclavage. Dams les romans, il y a des gens à ne pas apprécier cela… mais c’est un peu comme de nos jours : on aime pas les travailleurs pauvres, mais le système les crée, on est forcé de faire avec. Dans Loss, il n’y a guère de partis politiques ou de courants de pouvoir qui considèrent l’esclavage comme mauvais. A la rigueur, c’est l’abus de cette pratique qui sera, elle, plus souvent dénoncée. Pour un lossyan moyen, l’esclavage, c’est aussi normal que la couleur bleue du ciel.

Et c’est là qu’on tombe sur ton shaman roux. AUCUNE personne rousse n’est laissée libre sur Loss, dans les régions conciliennes, donc y compris à Armanth : une personne rousse, on l’asservit ou, si on ne peut pas, on la tue, point barre. Il va falloir que tu mette en scène les ennuis sans fins que la présence d’un roux qui ne se cache pas vont créer à ton groupe. Il est forcément un esclave aux yeux de tous, et s’il dit qu’il ne l’est pas, là, c’est sans appel : les gens vont lui tomber dessus pour l’asservir ! En plus, ils ont une bonne raison, en plus de la loi religieuse que personne ne conteste : un esclave roux, ça se vend bien et cher ! Je n’ai donc pas besoin de faire la liste des problèmes qui attendent le joueur. Il devra les assumer, et toi aussi en tant que MJ en les mettant en scêne, jusqu’à ce qu’il se cache.
Et ici, je ne parle même pas du fait qu’il soit chaman : là, c’est simple, cela s’apprend, et il sera de suite dénoncé à l’Eglise et aux autorités et pourchassé, sa tête mise (chèrement) à prix.

Bien sûr, il y a toujours des moyens de s’en tirer. Pour le coté chaman : il faut garder le secret à tout prix, car s’il est éventé, c’est la fin du perso. Pour le coté roux, il y a quelques personnes puissantes dans le monde de Loss à avoir les cheveux rouges et/ou être vraiment roux. Mais ce sont des personnalités qui ont les moyens d’assurer leur protection, avec du pouvoir et de l’influence. Des choses accessibles, mais pas n’importe comment et pas facilement. En attendant d’un jour pouvoir se permettre cette excentricité, il va falloir songer à se teindre les cheveux… ou assumer des conséquences qui peuvent signer la fin du personnage.

J’y pense : S’il est chaman, il porte un symbiote. Est-ce que n’importe qui peut reconnaître un linci d’un symbiote autre ou faut-il être spécialiste? Dans le second cas, c’est tout bénéf pour le personnage qui peut se faire passer pour un esclave au besoin, non ?

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Les Lincis ont un look particulier, mais on ne les reconnait pas forcément du premier coup… et puis, tous les esclaves n’en ont pas, le plus souvent, on les mets aux esclaves qui valent cher (ceci dit, une personne rousse… bon après, ça arrive quand même)

Une petit aide de jeu, tiens, extraite du supplément Armanth !

Le chamanisme à Armanth

Malgré le statut de cette religion qui est pourchassé sans pitié par l’Eglise du Concile Divin, il s’avère qu’il y a bel et bien un chamanisme armanthien. On devrait plutôt dire Argasien, car il concerne surtout la région rurale de la basse Vallée de l’Argas ; les chamans, pour des raisons évidentes, ne sont guère enthousiastes à vivre dans des villes sous l’autorité de l’Église. Ceci dit, il y a bien des chamans à Armanth : ils se cachent derrière la structure du culte des Néréides, où ils apparaissent comme de simples officiants fournissant les services qu’offre cette religion importante pour les Armanthiens.

La couverture est efficace ; les chamans, qui ne sont qu’une poignée, tout au plus quatre ou cinq, vivent parmi la population de manière incognito et sont en relation avec la demi-douzaine de chamans à vivre parmi les villages agricoles et hameaux de pécheurs de la basse Vallée. Très discrets, pratiquement personne n’est réellement au courant de leur existence ; tout au plus sait-on qu’il y a des rebouteux et des oracles capables de faire un peu plus que simplement bénir les enfants, les campagnes de pêche et les bateaux. Ces derniers sont connus pour savoir soigner, aider les paysans et les pécheurs, donner des conseils sages et avisés et c’est tout. Bien sûr, cela reste des chamans, dont les pouvoirs sont bien réels et concrets. Mais ça, les armanthiens n’y prennent guère attention : après tout, pour eux, tous les rites des oracles et officiants des Néréides, comme les services des rebouteux, font partie d’une réalité magique que seuls discutent les esprits les plus cartésiens.

A noter que ces chamans fournissent aussi, dans la mesure de leurs modestes moyens, une forme d’aide, cependant occasionnelle et réduite, pour les Chanteurs de Loss en fuite. Ils ne se dévoilent que rarement pour prêter main-forte et travaillent avec des intermédiaires plus ou moins douteux, pour aider à exfiltrer et faire disparaitre les Chanteurs de Loss pourchassés. Ceci dit, ils ne doivent pas en sauver plus d’un par an, environ.

Merci beaucoup pour vos retours ! J’en prends note et je vais essayer d’incorporer tout ça dès la prochaine séance ce week-end.
C’est vrai que j’ai trop « extrêmisé » la réaction qu’aurait la population face à un roux aux yeux verts. J’ai sans doute été influencé inconsciemment par le fait de savoir qu’il est Chaman, et pour moi, ça se résumait à une peine de mort, qu’il soit découvert pour cela ou son physique. Le faire passer pour une esclave d’un membre du groupe, et si possible du Voyageur anti-esclavage, sera beaucoup plus intéressant. :grin:

Si je peux parvenir à insérer les éléments sur les Néréïdes, ça serait parfait, effectivement, merci ! Je ne vois pas comment le faire en l’état durant le scénario du Gardien, mais je garde ça en tête.

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je partagerai bientot l’article sur les religions à Armanth, mais voici la partie sur le culte des Néréïdes si jamais :

Le culte des Néréides

Importé de l’Etéocle, passé entre temps par les oracles de Terancha qui professent cette croyance avec persévérance, le culte des Néréides n’a pas de nom en soit, pas plus que d’écrits sacrés ou de dogmes. Il s’agit simplement d’une croyance informelle qui se transmet oralement et passe principalement par des femmes assurant le rôle d’oracle et chargées de tirer de la mer et des animaux qui la peuplent les signes permettant de prédire le destin. Ceci dit, à Armanth, il y a autant d’intercesseurs hommes que femmes à se charger de lire les souhaits et les prédictions qu’apportent les néréides à travers la course des vagues, des nuages, des bancs de poisson ou des caprices des narvas et autres grands animaux marins.

Les néréides sont les nymphes de la mer, un ensemble de divinité innombrables, qui vivent au fond des Mers de la Séparation et veillent sur les eaux. C’est elles qui décident des calmes plats et des tempêtes, qui choisissent qui mourra ou survivra à un naufrage et qui, parfois, tendent la main aux mortels ou acceptent de les prévenir des dangers prochains sur les océans et dans les cieux. On connait le nom d’une centaine d’entre elles, mais il est dit qu’il y en a autant que les grands de sable d’une plage.

Les oracles des néréides n’ont pas un statut religieux permanent. La plupart travaillent, souvent dans des métiers en rapport direct avec la mer. Leur rôle est cependant d’importance. Ils bénissent les enfants des marins et des pécheurs, les coques des nouveaux bateaux et même parfois un canon, une amarre ou encore une simple rame ou même un petit boute, qui deviendront autant de fétiches porteurs de chance pour les marins. La bénédiction s’étend aussi à toute traversée ou campagne de pêche à venir ; bien des armanthiens refuseront de prendre la mer sans qu’un oracle des néréides n’ait consacré le navire prêt au départ aux déesses des mers. Enfin, on consulte les oracles avant de se lancer dans de grands voyages ou de grands projets et il faut souvent patienter avant d’avoir une réponse. Et bien entendu, tous ces services sont payants, même si la règle tacite est de donner simplement ce que l’on peut en fonction de ses moyens.

Il est à noter que le culte des néréïdes, en plus de pratiquer le sacrifice animal, pratique aussi le sacrifice d’esclaves, pour certaines bénédictions. C’est en passe de disparaitre totalement et seuls de rares excentriques ou traditionnalistes forcenés sacrifieront une vie humaine, qui représente aussi une perte financière, pour s’assurer les faveurs des déesses des mers. Mais cela arrive encore, même si c’est fort rare.

Les oracles des néréides ne cachent pas leur fonction et l’Église a beau râler de temps en temps, elle tolère complètement ce culte, même si elle le surveille de près ; on n’est jamais trop prudent. Comme les officiants de ce culte ne lui font pas tellement concurrence, il n’y a presque jamais de problèmes. Même pas quand les oracles des néréides participent aux festivités de la ville, drapés de leurs atours cérémoniels et de leurs attributs cultuels !